Stage de fabrication par Karl
Voici le témoignage de Karl sur son expérience en tant que stagiaire à l’atelier pour la fabrication de sa basse électrique.
Les modalités et prix des stages sont sur la page dédiée
Stage de lutherie PMC Guitares par Karl
Mois de Mai 2016 direction Montferrier-sur-Lez pour rencontrer Pierre-Marie Châteauneuf de chez PMC Guitars.
Tout a commencé 2 ans plus tôt avec l’envie de comprendre comment se fabrique une guitare. Après plusieurs essais en mode perso, je décide d’aller voir un vrai luthier. Après un 40ème anniversaire bien arrosé et une participation de tous les invités je peux enfin réaliser ce rêve.
Avant d’arriver à destination, nous avons défini avec PMC le projet. L’objectif final est de repartir après une semaine avec une basse de type Blast dont la configuration est la suivante:
corps en frêne des marais teinté blanc
manche en érable ondé
touche en ébène
micro de type jazzmaster avec boitier élargi de chez SP Custom (lien)
corps blanc et accastillage noir
Première journée
Le premier jour chez PMC se déroule avec une matinée orientée découverte de l’atelier afin de s’habituer au lieu. En terme de cadre de travail c’est plutôt cool, au milieu des arbres avec les oiseaux
Après avoir fait le tour des matériaux on entame la fabrication par le manche. PMC masterise au niveau de la dégauchisseuse puis j’enchaine avec la défonceuse sur les défonces pour trussrod et renforts carbones et enfin le détourage de la forme du manche. Comme ce n’est pas ma première fabrication je défonce à tout va accompagné par les conseils de PMC.
La journée se termine avec le collage de la touche. La touche arrive de chez Luthimate et elle est déjà radiusée/slottée, ca ne parait pas comme ça mais ces 2 étapes prennent beaucoup de temps, et pour un stage de 5 jours nous serions trop juste.
Deuxième journée
Et on attaque le corps dont les 2 parties ont été collés au préalable par PMC.
De nouveau je joue de la défonceuse afin de détourer le corps à la forme finale.
Les 2 premières étapes simples sont terminés, on va pouvoir passer aux étapes cruciales et notamment la défonce de l’encastrement du manche. Ca c’est l’étape qui tue car le manche doit pouvoir être encastré et tenir le corps de la guitare sans visse ni colle afin de valider que l’ajustement est parfait.
(j’vous laisse apprécier les beaux gosses)
A ce stade on décide de passer aux inlays de la touche. Au départ nous avions prévus des inlays concentriques avec tube d’aluminium creux et incrustation d’ébène.
La tentative s’avère un demi-échec car le tube n’ayant pas été extrudé correctement au départ nous n’avons pas 2 cercles concentriques. Pas grave, on repart sur une valeur sûre avec des inlays en nacre placés en haute de touche. Cette histoire d’inlay concentrique nous aura malgré tout couté 2 à 3 heures de travail.
Troisième journée
On passe sur la mise en place des inlays et ponçage de la touche pour amener les inlays au radius et pour finir le premier polissage par PMC.
On est Mercredi après-midi, et le mercredi chez PMC c’est pas ravioli: c’est défonçage, perçage et ponçage!!!!!!!
L’après-midi va voir apparaitre :
les défonces micro et perçages de potentiomètre
la défonce cavité électronique
la défonce de l’arrondi de bord de corps
les perçages de mécanique
les chanfreins du corps
Autant vous dire qu’au niveau du ponçage pour les chanfreins j’y ai passé un certain temps, et ca ne faisait que commencer.
Quatrième journée
on se fait le frettage de la touche. Dans l’ordre:
je prend une tige de frette
je courbe au radius
je mesure
je coupe à la longueur
je passe les extrémités au tang nipper
je sertis
Et 24 fois de suite. J’en connais un qui bosse à côté sur ses projets: PMC est tranquille et n’a pas besoin d’écouter mes questions, commentaires, ralage et autres anecdotes de geek. Mais ça ne dure qu’un temps, car la matinée s’est écoulée dans une ambiance studieuse.
L’après-midi se passe à coups de râpe et autre plane afin de travailler l’arrondi du manche. Et vas-y que j’te râpe, j’te ponce et là j’ai la révélation: du papier de pro c’est pas le papier casto, ca tient et ça ponce vraiment. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est agréable de poncer pendant 4h, mais avec du vrai matos ça se fait bien. PMC à le chic pour passer le doigt, te dire qu’il y a une bosse ici et là et toi tu r’commences et tu l’rappelles et il recommence: genre j’suis le Jean-Claude Dusse du ponçage.
Histoire de se changer les idées on se fait la teinture du corps.
La journée se termine vers 23h30 par le vernissage du corps. On est déjà jeudi soir et le temps passe vite, les journées s’allongent. PMC préfère donc qu’on assure le coup avec un vernissage anticipé afin de rattraper les éventuels erreurs que j’aurai pu faire.
Cinquième journée
C’est la dernière ligne droite et on démarre avec l’arrasage des frettes afin d’avoir des bords de frette nickels. Une fois que le bord est clean on rebouche à la poudre d’ébène les pieds de frettes.
Je passe à la plannif’ de frette à la cale diamant histoire que la basse ne frise pas.
Vient enfin le ponçage final du manche pour qu’ils soit le plus lisse possible et on se fait le huilage de ce dernier avec une bonne odeur d’ébéniste dans l’atelier.
La soirée avance et on termine par le polissage du manche et de la touche.
J’ai oublié de vous dire que pendant que je passais l’après-midi à poncer le manche, PMC est parti faire la partie soudure de l’électronique et qu’il revient avec un corps prêt à l’emploi (et non je ne dis pas qu’il s’est huilé le corps pour aller faire le chippendale) mais qu’on a désormais un corps de basse prêt à être monté.
Nous sommes donc vendredi soir, il est 21h et la fin est proche. On s’autorise donc à sortir quelques bières et surtout recycler les chutes du projet pour démarrer le barbecue de fin de stage.
Sixième journée
Après une nuit réparatrice je débarque samedi matin pour que l’on termine le projet avec la mise en place du sillet et le réglage du manche.
Il est précisément 11h48min53sec quand la basse intègre son boitier et que je prend la route direction Nice.
Que vous dire sur cette semaine ? Ca passe suuuuper vite. Comme je viens de la région niçoise j’ai privilégié une stage sur 5 jours et malgré ma petite expérience de lutherie cela fut particulièrement intensif. J’ai appris une multitude de chose et j’ai progressé dans mon approche de la lutherie.
Et Pierre-Marie dans tout ça ? Patience, générosité et bonne humeur sont les mots qui selon moi le définisse le mieux. Patience car il n’a pas hésité à répondre à l’intégralité de mes questions, à me montrer plusieurs fois les procédés de fabrication. Générosité car il m’a prodigué moultes conseils que je mets à profit dans mon apprentissage de la lutherie dont je souhaite faire mon métier à terme. Enfin bonne humeur car bosser c’est bien, mais bosser dans la bonne humeur et l’échange c’est mieux !
Pour tout ça je remercie chaleureusement PMC et je lui donne rendez-vous début 2017 pour un second stage. Promis Pierre-Marie, je vais essayer d’améliorer ma culture Kaamelott.